23 octobre 2013

Grand-messe électorale à Madagascar

Madagascar est sous le feu d’une campagne électorale lancée le 25 septembre 2013. En tant que jeune expatrié français, je vis ma première expérience d’élection présidentielle au sein d’un pays tant éloigné culturellement que géographiquement. L’article suivant est donc la vision naïve d’un jeune occidental qui découvre avec étonnement le fonctionnement politique d’un pays du Sud  situé au carrefour de l’Afrique et de l’océan Indien.

affichage_sauvage_antananarivo_madagascar_election_2013Affichage sauvage durant la campagne électorale de 2013, Antananarivo – Madagascar Crédit photo : Guillaume Grasse

Une présidentielle controversée

Commençons par remettre cette élection dans son contexte, nous sommes fin octobre 2013, soit plus de quatre ans et demi après ce que certains appelleront un coup d’Etat, et d’autres un mouvement de contestation du régime. En mars 2009, la « révolution orange » menée par le jeune maire de la capitale Antananarivo destitue Marc Ravalomanana à la suite d’une manœuvre que nous ne commenterons pas ici. Sa promesse est alors de rendre le pouvoir au peuple et de permettre aux Malgaches de nommer sous 24 mois un nouveau gouvernement par la voix des urnes. Il constitue alors un gouvernement de transition appelé HAT et les élections seront repoussées cinq fois. Dans deux jours, le 25 octobre, 22 millions de Malgaches devront faire leur choix parmi 33 candidats.

La première chose surprenante est le nom donné à la campagne électorale : « La propagande ». Ce qui pouvait faire sourire avant le lancement des hostilités dès le premier jour de la campagne. Le but étant de séduire la population, tous les moyens possibles et imaginables sont utilisés. Les budgets alloués aux campagnes n’ont pas de plafonds légaux et sont tout simplement hallucinants ; on parle de 43 millions de dollars pour le plus gros ou encore de la mise à disposition d’une flotte de 350 4×4 neufs pour un autre. Quand on sait que Madagascar compte parmi les pays les plus pauvres du monde et que plusieurs candidats étaient ministres durant la HAT (Haute autorité de transition) nous pourrions nous poser des questions sur la provenance des fonds, mais ce n’est pas le genre de la maison.

Revenons au concret : la campagne électorale

Les votes iront à celui qui se sera le mieux approprié l’espace public et qui aura été le plus visible durant ce marathon de 30 jours. Les candidats multiplient les sorties et les discours, où chaque meeting est une réelle fête allant jusqu’à regrouper plus de 50 000 personnes. L’espace public est lui matraqué par les affiches des candidats, aucun mur de la capitale n’est épargné et les partisans redoublent chaque jour d’ingéniosité pour recouvrir les endroits encore vierges.

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Affichage sauvage durant la campagne électorale de 2013, Antananarivo – Madagascar Crédit photo : Guillaume Grasse

De grandes bâches et écrans géants ont également fait leur apparition sur les carrefours et lieux stratégiques de la capitale.

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QG du candidat Hery Rajaonarimampianina, Antananarivo – Madagascar Crédit photo : Guillaume Grasse

Toute la journée des colonnes de véhicules aux couleurs des candidats sillonnent la ville, équipés de grosses sono et distribuant à tour de bras tee-shirts, casquettes et autres goodies à leur effigie ; quand ce ne sont pas des sacs de riz ou de l’alcool (information non vérifiée, il s’agit des dires d’amis malgaches).

campagne_electorale_madagascar_1_tour_2013Convoi de véhicules pour la promotion d’un candidat, Antananarivo – Madagascar Crédit photo : Sidonie Joudiou

Les encarts publicitaires des journaux ont (presque) tous été pris et il n’est pas rare de découvrir une nouvelle tête en quatrième de couverture.

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Misère et affichage sauvage durant les élection d’octobre 2013, Antananarivo – Madagascar Crédit photo : Guillaume Grasse

Dans un pays où 92 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et où 36 % sont analphabètes, les bulletins de vote ont dû être pensés pour que chacun puisset faire son choix sans l’aide d’un tiers. Ils se présentent donc sous la forme d’un poster document au format A3 où tous les candidats sont représentés. Il suffira à l’électeur de mettre une croix dans la case associée à son futur bienfaiteur, puis de plier le document et de le glisser dans l’urne.

bulletin_vote_unique_election_madagascar_2013Bulletin de vote unique, élection présidentielle Madagascar 2013 Crédit photo : CENIT

La Cénit (Commission électorale nationale indépendante pour la transition) a même réalisé un clip karaoké « ma voix compte »pour inciter la population à voter. Finalement la présidentielle à Madagascar c’est (jusqu’à aujourd’hui) cool et bonne ambiance.

 

Verdict dans 10 jours lors de la communication des résultats de ce premier tour !

 

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Commentaires

Stéphane Huët
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Tout d'abord bienvenue Guillaume.
Super cette première publication. Tu me fais presque regretter de ne pas être à Tana pour vivre cette frénésie électorale. Je te recommande aussi le billet de Rija sur l'enjeu de l'Internet sur l'élection présidentielle de Madagascar https://bit.ly/1ce2JyK
Bonne continuation sur Mondoblog.

Rijaniaina
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Bienvenue sur Mondoblog l'ami occidental de Madagascar :)

Bel article, j'apprécie cette vision non malgache de cette bruyante campagne électorale.

guillaumegrasse
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Salut Stéphane, bonjour Rijaniaina
J'ai mis un petit moment à revenir sur mon compte. Merci pour les encouragement.
J'ai donc pas mal de lecture à rattraper!